Jeudi 22 février 2024
Découvrons ensemble Carine Simoës-Grangeia, Designeuse de services publics et de politiques publiques, coordinatrice numérique à la Commune de Baugé en Anjou. Dans cet article, je vous parle de son parcours, de sa vision de designer de services publics, de son travail sur les enjeux du numériques dans les territoires ruraux et de l’importance de l’acculturation dans le métier de designer.
Un parcours exclusivement en Design
Étant jeune, la designeuse Carine Simoës-Grangeia était en quête de déterminer vers quel domaine du Design se spécialiser. Au cours de deux années de Design de Produit en BTS, elle va porter son intérêt sur l’écoconception. Sensible à l’écologie, elle refuse de créer des objets “gadgets” pour laisser place à des objets plus durables. En effet, la licence éco design lui permet de découvrir d’autres domaines comme les sciences et l’écologie, ou encore la psychologie.
Elle va ensuite continuer dans cette pluridisciplinarité en Master Prospective Design à Saint-Étienne avec les sciences humaines et les sciences de l'ingénieur.
“ Je me suis rendue compte que c’était important d’apprendre à parler aux autres métiers, qu’un designer ne travaille pas tout seul. ”
Durant ces deux années, de nombreuses opportunités d'hackathons et de stage s'offrent à elle. Ceux-ci lui ont permis de réaliser divers projets.
“ Comment me positionner par rapport au fait que je voudrais faire un design plus utile, plus en lien avec la société ? ”
“ Une année incroyable de voyages et d’expérimentations ”
Toujours en quête d’avoir le déclic pour un domaine du Design en particulier, elle se lance dans une année de voyage et d’expérimentation.
Par la suite, la designeuse réalise un service civique en Design à l’Université de Tours aux presses universitaires François Rabelais (PUFR). La découverte du Design de services publics et de l’opportunité de travailler aussi, dans le milieu associatif sont un réel déclic pour elle.
Carine Simoës-Grangeia se rend donc au Sommet mondial du design à Paris, afin de rencontrer des profils dans l’innovation sociale et dans la fonction publique. Pour la designeuse, c’est la révélation. La rencontre de Dominique Sciamma, ancien directeur de Strate, l’amène à réaliser Design Act (préfiguration du DAP - Design actions Publiques), à travailler sur des questions d’innovation sociale et “ comment le design pourrait venir en aide au territoire en collaborant avec les citoyens ? ”. Au cours de ces quelques mois, elle va apprendre à collaborer avec des agents de la fonction publique, des profils innovants, hybrides et à aller sur le terrain.
La période du Covid va chambouler les missions de son stage au sein de l’agence Comuna. Carine Simoës-Grangeia va réfléchir sur “ comment la ville peut accompagner les changements sociétaux et notamment environnementaux ? ” ainsi que “ comment les penseurs d’aujourd’hui, pensent le monde de demain ? ”. Ce stage lui fait découvrir tout un panel de nouvelles compétences comme la gestion de projet : savoir gérer des partenaires et des invités,…
Elle réalise de nombreux stages tout au long de son parcours et dans différents domaines : le mobilier urbain, les arts de la rue, les parcs d’attraction, les luminaires de luxe,...
En parallèle de sa recherche d’emploi, elle réalise des formations complémentaires avec le CNFPT : des MOOC pour apprendre les fondamentaux de la fonction publique, “ comment les agents voient le design et comment ils l’intègrent au quotidien ? ”.
Carine Simoës-Grangeia devient ambassadrice de Profil Public dans la première promotion. Elle explore le milieu des Ressources Humaines ou encore l’univers média, avec des missions comme rédiger des articles, faire des interviews et organiser une webconférence.
Avec Big Bloom, la designeuse anime des hackathons en tant qu’experte design grâce à son nouveau statut de Designer artiste-auteur. Les diverses thématiques abordées sont par exemple, l'insertion professionnelle des femmes issus des quartiers prioritaires de la ville, ou encore les habitats insalubres. Le but principal de ces hackathons étant de venir en aide à des associations d'intérêt général.
“ Un poste ou ils n’attendaient pas de Designer ”
Actuellement en poste à la Commune de Baugé en Anjou, Carine Simoës-Grangeia est coordinatrice numérique.
“Il fallait non seulement expliquer quel est le métier et qu’est-ce que le design, mais aussi tout structurer au niveau numérique. Quel est ce poste ? Comment puis-je venir en aide sur des projets auprès des agents ?”
La designeuse applique les méthodes du design sur des projets numériques du territoire.
“ Ce qui est commun à tous les designers intégrés aux collectivités territoriales, c’est l’acculturation. Beaucoup de pédagogie pour expliquer qu’est-ce que c’est notre métier ? Comment on le mène ? Quelles sont les étapes ? Pourquoi on fait de cette manière là ? La méthode utilisée est différente, ce n’est pas la manière habituelle, c’est pourquoi nous devons leur faire comprendre par quel cheminement on passe. ”
Des projets du numérique
La question du numérique est un enjeu important dans les territoires ruraux. En effet, il est essentiel de travailler sur la proximité des services proposés.
L’accessibilité se retrouve au cœur de ces enjeux. C’est potentiellement les lieux où la fibre arrive en dernier, ou encore l’impossibilité pour les personnes âgées ou les jeunes en difficulté numérique de se déplacer. C’est pourquoi il a été développé le projet des accueils numériques de proximité en collaboration avec Corentin Touzet, conseiller numérique territorial au sein d’Anjou numérique.
Une posture de Designer au service de l’intérêt général, mais pas seulement
Carine Simoës-Grangeia est une designeuse, cela fait partie de son identité. En tant que coordinatrice numérique, elle voit apparaître une nouvelle casquette, celle de cheffe de projet. Aujourd'hui, elle se qualifie comme designer de services publics et de politiques publiques sur des missions de coordination numérique possédant aussi la casquette de cheffe de projet. Elle exerce son métier à l’aide des méthodes de design. Enfin, c’est grâce à Dessein Public et à l’APCI que la designeuse échange avec ses pairs et se fait une veille sur des problématiques similaires aux siennes.
“ C’est important de pouvoir communiquer sur ce que l’on fait et c’est aussi une force pour notre domaine. Plus on va le rendre visible et plus les gens vont savoir ce que l’on fait. Plus ils vont nous connaître et naturellement faire appelle à nous sans se poser de questions ”
L’acculturation
Un des enjeux de notre métier est l’acculturation. C’est le fait de partager notre pratique, se rendre visible afin de déconstruire les idées préconçues sur le design. Il y a plusieurs degrés d’acculturation comme l’information, la sensibilisation ou encore la formation.
La designeuse Carine Simoës-Grangeia prend à cœur d’acculturer les non-designers dans le but de “ faire comprendre notre métier, mais aussi, des autres designers notamment des jeunes pour leur montrer la réalité de terrain. ”
C'est notamment ce qu’elle réalise avec Dessein Public, en acculturant les étudiants et professionnels du milieu du design ou de la fonction publique par diverses actions de vulgarisation du métier de designer.
Pour conclure, chaque designer a un parcours spécifique et il est tout à fait normal de chercher son domaine de prédilection. Carine Simoës-Grangeia l’a découvert par le biais de voyages, de rencontres et d’expériences. Enfin, les pratiques du design ont besoin d'être partagées par des designers : des retours d'expériences entre pairs, des exemples de projets auprès de divers publics, etc.
